Je termine de lire les dernière phrases de ce roman, et je suis sûre d’une chose : il bourdonnera longtemps comme un frelon, reviendra papillonner dans mes rencontres, fredonnera un son aigu et stridulent de moustique qui s’immiscera dans les histoires des démêlées relationnelles de mes copines et amis. Mieux : je le relirai de temps en temps pour me replonger dans cet univers suintant, où le burlesque tisse une trame déconcertante sur un canevas de désirs communs mais tout sauf ordinaires. Bref : quelle découverte que L’amour insecticide !
L’histoire de Victoire et de Franck m’a immergée dans un concept que je connais depuis longtemps pour avoir lu et relu La Maîtrise de l’amour, de Don Miguel Ruiz : l’improbabilité pour deux êtres de véritablement se connaître et se comprendre. Il restera toujours du mystère, du non-dit, des incompréhensions et des incompris. Par sa plume surprenante, Nathalie Vierne a directement injecté cette réalité dans mes veines.
Elle peigne la rencontre improbable des points de vue des deux protagonistes, ce qui met en exergue la distance qui sous-tend chaque rapprochement – ou illusion de rapprochement. Un malaise grouille, tout au long de la lecture, comme si je m’étais installée non pas dans un fauteuil confortable, mais sur un nid de fourmis. De chaque côté d’un gouffre, les personnages bivouaquent, portant en bandoulière leurs sentiments tout ce qu’il y a de légitime. Ce paradoxe émane autant des situations et de l’histoire que de l’imagerie que l’auteure manie avec brio. Le tableau semble par exemple partir sur une note romantique pour basculer dans l’absurde, ou sur une note osée interrompue par un détail profondément timide.
En choisissant une histoire extra-ordinaire, au sens premier du terme, Nathalie Vierne plante le lecteur face à un miroir qui lui renvoie tout ce qu’il a d’ordinaire. Un procédé qui m’a plus d’une fois fait penser à Almodóvar. Je ne peux que vivement vous conseiller de découvrir L’amour insecticide !
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