Finding the Mother Tree : Discovering the wisdom of the forest – Suzanne Simard

[Voor mijn Nederlandstalige lezers : je vindt de vertaling hier]

Titre en français : à la recherche de l’arbre-mère – découvrir la sagesse de la forêt

Ma liste de lecture hivernale grouille de titres que j’ai hâte de découvrir. Depuis quelques mois, je dévore d’innombrables ouvrages pour en réaliser des chroniques que je partage sur mon blogue et les réseaux sociaux, essentiellement Facebook et Instagram. Je choisis surtout des romans en français, généralement d’auteurs auto-édités. Pourtant, je me suis offert un interlude : un livre en anglais, « Finding the Mother Tree » de Suzanne Simard.

Cela faisait belle lurette qu’un de mes enfants m’exhortait à le découvrir. Je comprends son insistance maintenant que j’ai terminé cette lecture aussi captivante qu’émouvante. Cet ouvrage exceptionnel méritait mon attention, il mérite la vôtre, celle de nous tous. Je tente ici de vous le présenter fidèlement, tout en vous inspirant à le lire au plus vite. Écrit en anglais et publié début 2021, « Finding the Mother Tree » a d’ailleurs déjà été traduit dans de nombreuses langues[1], dont le français.

Mon âme de traductrice voudrait plonger dans un exposé comparatif des titres anglais et français, où je ressens un (léger) glissement de sens (« Finding the Mother Tree » versus « À la recherche de l’arbre-mère »). Ce n’est toutefois pas l’objectif de cette chronique. Pour l’heure, je me contenterai d’extraire de ces deux versions d’un seul et « même » titre les deux perspectives qui en ressortent. Elles sont à mon sens bel et bien présentes dans le livre de Suzanne Simard :

Finding the Mother Tree - Suzanne Simard
  • la « recherche de » : le long chemin de cette chercheuse avant d’arriver à ses conclusions, mais aussi avant que celles-ci ne rencontrent la reconnaissance de certains collègues chercheurs, forestiers, responsables politiques et environnementaux… ;
  • la « découverte » (= finding) : les chemins scientifique et personnel de l’auteure s’entremêlent et la mènent à l’hypothèse, puis à la (re)découverte de l’arbre-mère.

Ayant vécu pendant quelques années le parcours du combattant qu’est la recherche (académique), j’ai été très touchée par la persévérance dont fait preuve Suzanne Simard au fil des décennies (!). Je me suis en outre sentie interpellée quant à ma conception de la forêt, des arbres, des plantes et de la nature en général. Comme par « hasard », j’ai découvert simultanément la superbe série « One Strange Rock » de National Geographic[2], mais aussi quelques vidéos d’Arthur Keller[3] sur YouTube. J’ai d’ailleurs récemment eu l’honneur d’interpréter vers le néerlandais une présentation de ce conférencier.

Tous ces messages se renforcent. Pas de doute possible : notre planète vibre d’une surprenante beauté. Les astronautes de One Strange Rock l’admirent depuis le hublot de l’ISS. Suzanne Simard la sent, les doigts fourrés dans l’humus d’une forêt canadienne à la recherche de connexions. Arthur Keller l’ébauche en système dynamique que nous mettons sans relâche sous une immense et intenable pression. Avant ces rencontres virtuelles et littéraires, notre superbe planète m’inspirait déjà une humble révérence, la racine de mon poème en prose, « La Terre se livre ».

Mais revenons au livre de Suzanne Simard. Voici comment je résume en une seule phrase son message clé : « Un canevas de connexions tisse la force de chaque individu, qui s’épanouit bien plus grâce à la coopération et à l’échange que par la compétition ». C’est valable pour les arbres, c’est valable aussi pour les êtres humains[4]. L’isolement a des conséquences dévastatrices. L’auteur le démontre dans ses études sur les relations fongiques entre les arbres. Nous avons été nombreux partout dans le monde à en faire l’expérience, il n’y a pas si longtemps.

Suzanne Simard démontre que l’interconnexion des arbres de la même espèce ainsi que de différentes espèces constitue la profonde réalité de la forêt. Elle explique également combien il est ardu d’en apporter la preuve selon les règles imposées par nos sciences exactes. Certes, ces règles dressent un cadre logique et rationnel, mais par leur essence, elles font fi de la complexité et de l’ingéniosité des relations et systèmes naturels. Un constat qui suscite la question de savoir si des principes scientifiques fondamentalement construits autour de l’isolement (de variables, de cas, de phénomènes…) peuvent jamais être à même de capter la réalité relationnelle qui nous entoure.

Comme des arbres qui plongent leurs racines dans le sol de la forêt, les concepts que je retiens de « Finding the Mother Tree » s’enracinent en moi, se branchent, se communiquent des informations vitales par le biais d’un réseau qui m’apparaît comme… fongique. Je déambule dans mon jardin et comprends la solitude de mon prunier, l’effort que concèdent les épinards pour sortir de terre dans les rangées toutes nettes que j’ai tracées. Je tente d’approfondir pas à pas ma connexion aux filières invisibles qui se cachent sous mes pieds. Je me souviens des jeunes chênes plantés dans des bacs à fleurs qui ornaient récemment une route non loin de chez moi, spectacle qui m’attristait. Je jauge bien mieux aujourd’hui l’atrocité de l’isolement qui leur était infligé. Sentiment éclairé. Ils n’ont pas survécu à l’exil sur leurs îlots ridiculement petits.

Aussi exaltant que le récit de Suzanne Simard soit, partir à la découverte de mystères vastes comme celui de l’arbre-mère ne fait pas partie de mon chemin de vie. Par contre, mon regard sur la vie s’est vu bouleversé et de nouveaux liens se créent chaque jour dans mon for intérieur lorsque j’observe la nature ainsi que les interactions humaines. Un effet auquel l’on peut s’attendre en ouvrant un livre de développement personnel, mais en entamant ce livre « de biologie », je n’étais pas préparée à ce glissement de terrain intérieur. Décidément, après le football qui masquait ma précédente découverte, c’est le temps des livres qui recèlent bien plus qu’il y paraît de prime abord.

Je parlerai encore souvent de « Finding the Mother Tree », à coup sûr. Je conseillerai à tous mes amis, toutes mes connaissances, tous les curieux que je rencontre, tous les furieux que je rencontre, à tout le monde, de le lire. En effet, je ne pourrai jamais parler aussi bien du mystère de la forêt que le fait Suzanne Simard. Faites-moi plaisir, lisez-le. Je dirais même plus : faites-vous ce cadeau, lisez-le. Et puis revenez me parler de vos impressions.

Je vous souhaite un bain de forêt régénérant et vous dis volontiers à bientôt 😉.


[1] Sur le site de la Fnac, en italien, espagnol, portugais, allemand et français. Sur le site Amazon.com, outre les langues précédemment mentionnées, également en néerlandais et en chinois. Par le biai de bol.com également en hongrois. Une étude comparative des choix de traductions du titre et de mise en forme de celui-ci pourrait constituer tout un article en soi 😊. Sauf pour le chinois, que je ne maîtrise pas du tout. J’avoue que cela me tente… Loin de moi l’idée de critiquer les choix du traducteur, graphiste ou éditeur. Je pense qu’ils reflètent les limites de chaque langue, qui réverbèrent à leur tour la culture sous-jacente. Je m’arrête, avant que cette note devienne plus longue que la chronique. Revenons-en au fait, reprenons la chronique du livre.

[2] One Strange Rock, série de 10 épisodes réalisée par Darren Aronofsky, encadrée par Will Smith et présentant huit astronautes qui totalisent plus de 1 000 journées vécues dans l’espace.

[3] Voir la chaîne d’Arthur Keller sur YouTube – https://www.youtube.com/@arthur-keller ou le site officiel https://arthur-keller.jimdosite.com/

[4] Voir par exemple https://cmha.ca/the-importance-of-human-connection/

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