[Je kunt deze tekst ook in het Nederlands lezen, klik hier.]
Quelle crise, celle que nous traversons, n’est-ce pas ! Je reconnais que ces derniers jours, j’avais vraiment du mal face aux mesures sévères prises sous le signe du coronavirus. D’abord face aux mesures que prenaient certains clients de l’entreprise pour laquelle je travaille, et qui avaient un sérieux impact. Ensuite, le jour de mon anniversaire encore bien, face aux mesures annoncées par le gouvernement pour endiguer la dispersion du coronavirus.
Tant de questions
Si je suis une hypo-consommatrice de nouvelles avertie, toute cette affaire s’imposait sérieusement à mon attention, et je ne savais pas trop comment gérer tout cela. La situation est-elle si grave que de telles mesures s’imposent ? Comment tout cela va-t-il influencer notre vie et notre économie ? Qui va payer l’addition ? Je me sentais sans arrêt engloutie par la folie des informations et désinformations. Je me demandais ce que l’individu pouvait faire dans tout cela ? Se laver les mains et rester chez soi, rien de plus ?
Comme je considères que le bout de mon nez est plutôt le point de départ d’une découverte que son point final, je me suis mise en quête d’informations qui me semblaient fiables et qui pourraient expliquer pourquoi nous traversons ceci comme nous le traversons. Toutefois, cette quête ne m’aidait pas pour trouver, au cœur de la tempête qui sévit, un sentiment intérieur de quiétude, un endroit où trouver la confiance que la tempête passera. Pourtant, je suis tout à fait consciente de la nécessité de retrouver ce sentiment de sérénité si je veux éviter que l’irritation, le stress et/ou l’angoisse ne minent mon système immunitaire. Mais je n’arrivais pas à m’en empêcher, je continuais de chercher des sources fiables. J’en ai entretemps trouver quelques-uns, voyez les liens vers des sources intéressantes en dessous de cet article.
Comprendre le pourquoi
Pour donner une synthèse concise pour moi-même, cela revient à peu près à ceci, à mon avis : nous ne sommes pas armés pour faire face au coronavirus si nous lui laissons libre cours, ni en tant qu’individu, ni du point de vue de notre secteur de soins. Ce secteur veut gagner un temps extrêmement précieux pour s’armer mieux et pouvoir se battre pour la vie des patients les plus vulnérables avec les moyens qui sont aujourd’hui disponibles. Le coût de ceci ? Les mesures auxquelles je référais plus haut. Cela nous permet en tant que société de freiner la dispersion du virus, d’éviter que les patients les plus vulnérables ne reçoivent pas l’aide dont ils ont besoin en attendant qu’ils créent des anticorps, et donc de sauver des vies. Le pourquoi des mesures m’est donc clair, maintenant.
Face à la résistance
Fait ensuite surface la question suivante, qui me permet, après ma quête effrénée d’informations, de revenir à moi-même : qu’est-ce que tout cela représente pour moi, en tant qu’être humain ? Qu’est-ce que le miroir de la résistance et de l’incrédulité me renvoie ? La résistance, oui, mais contre quoi précisément ? Permettez-moi de faire quelque peu la Reine du Drame : ma belle vie est à l’arrêt ! La situation m’oblige à évaluer d’un œil critique quels aspects de ma vie peuvent être maintenus : mes projets de weekend tombent à l’eau, de nombreuses missions d’interprétation sont annulées ou reportées (et qu’est-ce que j’aime l’interprétariat !), des sorties sont remises aux calendes grecques, je dois me passer de ma natation, et j’en passe ! La liste est impressionnante. Je n’abandonne vraiment pas tout cela de gré de cœur, donc il me faut une raison tout à fait valable.
Par contre, je ne suis pas un saule pleureur, même si c’est un arbre superbe, surtout au printemps quand il s’habille de ses petite feuilles vert tendre. Je suis optimiste envers et contre tout. Dans chaque chose, je recherche une dimension qui me donne un « bon » sentiment. Mais où se cache-t-il dans cette histoire ? Ce midi, dans ma cuisine, une petite lueur s’est manifestée. Un petit rien en soi, trivial même, mais une lueur quand-même. Je venais de préparer une soupe et j’en avais servi un bol bien chaud. Et j’ai ressenti… de la gratitude.
Gratitude
De la gratitude pour un bol de soupe. Oui, oui. Et à partir de là : une gratitude intense pour tous ces aspects de ma vie qui sont provisoirement à l’arrêt. Tout cela est tellement évident que je ne m’y arrête pas assez souvent. Comme cela fait du bien d’embrasser quelqu’un qui m’est cher. Quel luxe de pouvoir me balader quotidiennement pour acheter au magasin ce que j’ai par hasard envie de déguster ce jour-là. Que c’est pratique de pouvoir travailler souvent de chez moi quand je traduis ou relis des traductions. Que c’est enrichissant d’interpréter réunions et événements en tous genres. Quel aubaine de pouvoir prendre mon sac de natation à huit heures moins le quart le matin et rejoindre la piscine. Que c’est beau de demander à ma fille qui rentre de ses cours comment s’est passée la journée. Qu’elle me réponde le sourire aux lèvres en racontant pleine d’enthousiasme, ou qu’elle soit à cran parce qu’un devoir ou un feed-back chamboulent son planning. Bref, quelle liberté que la mienne pour mener la vie que je veux mener, et quelle richesse dans les relations qui la peuplent. Quelle bénédiction, n’est-ce pas, que nous soyons si nombreux à disposer de téléphones et d’internet pour garder le contact, malgré la situation ! De la gratitude aussi pour ces experts qui parlent franchement. Pour ces héros du secteur des soins, qui sont s’attaquent à cette histoire avant tous les autres.
Espoir
Avec cette gratitude, je ressens également de l’espoir. L’espoir que nous oserons, chacun pour soi et en tant que société, nous arrêter à tout ce à quoi nous sommes aujourd’hui confrontés. Que nous nous demanderons, parmi tout ce qui aujourd’hui est ou n’est pas évident, que voulons-nous garder et cultiver, et que voulons-nous bannir ou changer ? En quelque sorte, la course folle est à l’arrêt. Pourrons-nous et oserons-nous nous demander si dans certains domaines, nous pouvons en faire un peu moins ? Moins de voyages ? Moins de navettes ? Moins de shopping ? Pourrons-nous et oserons-nous tout à l’heure investir du temps et de l’énergie dans ces aspects que nous devons aujourd’hui mettre en suspens ? Un vrai contact humain ? Pourrons-nous nous demander sincèrement comment mieux préparer notre système de soins à une prochaine épidémie, quelle qu’en soit la nature ? Y aura-t-il plus de personnes qui opteront pour le télétravail dans la mesure du possible, afin de réduire la pression qu’exercent les navettes quotidienne sur leurs vies et sur l’environnement ?
La gratitude pour tout ce que j’ai dans ma vie, m’a rendu la sérénité dont j’avais besoin. L’espoir que les mesures draconiennes actuelles mèneront demain à certaines évolutions positives, m’a donné du courage. Ce courage et cette gratitude ont permis à mon cœur de s’éclore à nouveau, et font fondre comme neige au soleil la résistance que je ressentais. Alors que tant de choses sont assujetties au lock down, mon cœur en éclosion me confère un sentiment plus fort que jamais.
Je vous en souhaite autant, cher lecteur.
À bientôt <3
Quelques références – en anglais 😉
Alanna Shaikh – global health expert
How to flatten the curve – Washington Post – avec des animations tout à fait instructives 😉